Rencontre avec Jean-Paul Cluzel

Le SNJ a rencontré le PDG de Radio France mercredi 31 mai



Rencontre avec Jean-Paul Cluzel
Etaient présents aux cotés de Jean-Paul Cluzel, Martin Ajdari, directeur général délégué à la gestion et à la production et Patrice Papet, directeur général adjoint chargé du dialogue social et des ressources humaines.


Pour le SNJ Hubert Huertas, Valeria Emanuele, Claude Cordier, Marc Fauvelle, Antoine Quevilly.

Voici quelques extraits de la rencontre.


Le SNJ a rappelé la très forte participation des journalistes, et de l’ensemble du personnel, aux élections professionnelles. Cette participation est le signe d’une forte mobilisation, nourrie par une grande inquiétude. La présidence t la Direction Générale doivent en tenir compte de façon urgente en répondant aux questions qui remontent des rédactions et des services en général.
La délégation a également souligné le succès sans précédent du SNJ lors des récentes élections des CE et des DP. Premier syndicat de journalistes, avec une forte progression à Paris, un raz-de-marée en région et plus de 110 adhérents au compteur.

Ce succès crée des obligations. Le SNJ doit représenter un nombre de plus en plus important de journalistes, sous le regard de plus en plus intéressé des autres salariés de Radio France. Dans ce cadre, le problème du non remplacement des élus pour leurs activités syndicales va devenir aigu. Depuis l’arrivée de la nouvelle direction, les élus parisiens ne sont plus remplacés lorsqu’ils se rendent à une réunion de négociation ou au CE. Résultat : ils ont le choix entre ne pas faire le travail pour lequel ils ont été élus ou risquer l’impopularité en désorganisant leur service...

Jean Paul Cluzel a dit avoir entendu et a renvoyé à la réunion sur les moyens syndicaux du 30 juin.


Question du SNJ : Nous avons dénoncé à plusieurs reprises la lenteur du dialogue social. Les réunions sont précédées de réunions pour organiser les futures réunions. La majeure partie des dossiers ouverts par la DRH en janvier dernier n’est toujours pas bouclée en juin. Sauf pour les Droits d’Auteur, dossier conduit comme une affaire prioritaire par Martin Ajdari.
La "méthode somnifère" est-elle devenue la méthode de gestion Radio France ?


Patrice Papet : Rappelle les multitudes de conflits sociaux qui l’ont "accueilli" à son arrivée en décembre dernier : PARL, musiciens, PTA. « Concernant les journalistes, notre priorité était de réaliser les 30 intégrations des journalistes CDD. C’est fait. Maintenant on s’occupe du planning. » (NDLR : deux priorités portées par le SNJ)

Jean-Paul Cluzel : « Nous avons respecté le calendrier sur l’embauche des CDD. Il n’y a pas de notre part de volonté dilatoire. Sur la méthode, souvenez vous d’où nous venons. Certaines négociations attendaient depuis 4 ans, par exemple les droits d’auteur. Nous allons nous efforcer d’accélérer le calendrier, de le resserrer. »


SNJ : Qu’en est-il de la prime de 1000 euros prévue par une circulaire gouvernementale ?

Jean-Paul Cluzel : « C’est une demande surréaliste dans une entreprise publique d’audiovisuel. D’ailleurs, cette circulaire ne m’a pas même été envoyée. Il n’y pas d’argent en plus de celui déjà alloué par le budget. J’ai cru que c’était une blague. C’est une circulaire qui n’a été assortie d’aucune dotation aux entreprises. »

Martin Ajdari : « Radio France est gérée à l’équilibre et ne bénéficie d’aucune cagnotte à cette fin. Surtout, si cette prime devait être discutée, elle se substituerait aux autres éléments d’augmentations, individuelles ou générales qui elles, sont pérennes, à la différence de la prime qui, elle, serait non reconductible. Nous ne sommes pas opposés à en parler, mais il nous semblait que la préférence des partenaires sociaux allait vers des mesures pérennes.»


SNJ : Nous voulons bien entendre cette explication, mais le problème c’est que nous n’entendons rien sur les salaires. Rien. La négociation sur le Nouvel Instrument Salarial est noyée dans les préalables et la procédure. Nous voulons un chiffre. Quel est le chiffre d’augmentation générale pour 2006 ?

Patrice Papet : « L’objectif, c’est de boucler la négociation avant le 5 juillet. (ndlr : date de la réunion N°3 de la NAO c'est-à-dire Négociation Annuelle Obligatoire [sur les salaires]). Nous donnerons un chiffre sur le montant du NIS dès la première réunion préparatoire, je vous le promets » (ndlr : le 21 juin).


SNJ : Ce matin une partie de la nouvelle grille de France Inter a été rendue publique. Pourquoi un tel chamboulement ?

Jean-Paul Cluzel : « C’est un effort de renouvellement sans précédent depuis 10 ans. En terme d’audience, avec France Inter, nous sommes proches de toucher le fond. Un demi point d’audience perdue par an depuis 2001, alors que l’audience de la radio, en général, est stable, à 84%. Un 7/9 qui a perdu un quart de ses auditeurs en 4 ans. L’âge médian des auditeurs d’Inter est de 55 ans. Ce sont les plus de 55 ans qui nous sont le plus infidèles : "l’ennui naquit de l’habitude". Il faut un retour aux valeurs du service public. Beaucoup de grandes valeurs ne sont pas bien utilisées. Il faut mieux mobiliser les journalistes talentueux, quel que soit leur âge ou leur grade. Pour les remplacements, il faut donner plus de chances à des journalistes jeunes. »


SNJ : On peut craindre un "syndrome RTL" pour France Inter. Mais même si les auditeurs ne désertent pas notre antenne, un tassement est à craindre lors des prochains sondages. Quelle sera la réaction de la Présidence ? Allez-vous soutenir votre nouveau directeur ou en changer au bout d’un an comme ça a été le cas avec Gilles Schneider ?

Jean-Paul Cluzel : « Le 1er sondage, à l’automne, sera peut-être délicat. Mais au pire il y aura un petit tassement, j’en fais le pari, les auditeurs viendront écouter la nouveauté. Le 7/9 va être un grand succès, j’y crois profondément. Patrick Roger et Nicolas Demorand, ce sera le couple gagnant. Ne rien faire aurait été irresponsable. »


L’approche du séminaire du 10 juin inquiète les journalistes de France Info. Pourquoi s’y rendre, puisque leurs propositions n’ont jamais été prises en compte et que ceux qui parlent craignent des "représailles" ?

Jean-Paul Cluzel : « Ce n’est pas forcément le lieu où se prennent les décisions. Mais cela peut être l’occasion d’un échange de vue franc. Je serai présent, mais je serais triste qu’il n’y ait pas une forte majorité présente ce jour là ».


SNJ : Les journalistes se sont plaints également d’une "guerre des chefs" qui a opposé les 3 dirigeants de la station.

Jean-Paul Cluzel : « Beaucoup de choses sont exagérées sur ces supposés tiraillements au sein de la Direction. Bien sûr il y a des tempéraments, mais pour moi c’est de la complémentarité. Pour diriger France Info, il faut un chef et une équipe "énergique".


SNJ : Pierre Le Marc prenant sa retraite, quid du poste d’éditorialiste politique sur France Inter ?

Jean-Paul Cluzel : « Je préfèrerais personnellement un éditorialiste maison. Mais ce ne sera pas forcément la formule retenue. »


SNJ : Envisagez vous la mise en place d’un édito politique sur France Bleu Tête de Réseau ?

Jean-Paul Cluzel : Non. Il n’y aura pas d’édito politique sur Bleu. Pour les Locales, il est beaucoup plus intéressant de faire de la politique locale, des émissions politiques en réseau, par exemple comme celle qu’organisent des locales comme Bordeaux.


SNJ : Pour donner plus de sens et vu la période qui s’ouvre, une charte sur la divulgation des sondages ne serait-elle pas nécessaire ?

Jean-Paul Cluzel : « Excellente idée. Je vais demander à Patrice Pépin (ndlr : le Médiateur de Radio France) de s’en charger. »


SNJ : Pour permettre aux journalistes des Radios Locales de faire mieux connaître la qualité de leur travail, nous demandons depuis longtemps que les longs remplacements dans les nationales leurs soient proposés.

Jean-Paul Cluzel : « Gilles Schneider va travailler avec la DRH sur des réformes concernant les passerelles Province-Paris. Il faut réamorcer cette relève venue des locales ».


3 Juin 2006
Lu 4809 fois





Radio France | France Inter | France Info | Culture & Musique | France Bleu | Mouv