Réforme de l'audiovisuel public : derrière l'ambition, l'amputation



La réforme de l'audiovisuel public qui a été annoncée ce matin pose plus de problèmes et de questions qu'elle n'apporte de réponses.

Aucune information sur le financement de nos entreprises alors qu'on laisse entendre que les économies seront sévères. Ces renseignements primordiaux sont reportés à 2019…
Mais dès maintenant on sait que les investissements qu'on nous demande vont nous obliger à abandonner une partie de nos projets ou de nos emplois – puisque plus de la moitié du budget de Radio France c'est la masse salariale.
 
Plus grave : nous avons appris que l'actualité de France Bleu sur le numérique allait être offerte à France Télévision.
"France 3 et France Bleu feront cause commune sur le numérique, comme France Télévision et Radio France l'ont fait pour France Info. Et comme on se dit souvent avec Sibyle, comme c'est déjà le cas sur France Info : la radio fera de la radio, la télé fera de la télé, et ensemble nous ferons le numérique."
Delphine Ernotte lors de la conférence de presse ce matin au ministère de la Culture
S'il y a bien un enseignement à tirer de la création de franceinfo:, c'est que la rédaction de la radio n'a en réalité aucun contrôle sur le site. France Télévisions prend toutes les décisions, toutes à son seul avantage.
Le fait que l'annonce de ce matin vienne de Delphine Ernotte montre bien que nos dirigeants comptent appliquer la même logique pour l'actualité locale.
 
Il est hors de question qu'un mariage forcé vienne amputer France Bleu de son site et de son appli, c'est-à-dire de son avenir.
 
On demande au réseau "d'expérimenter" des matinales communes à Paris et Marseille. Avec quels moyens ? À Paris on prévient les journalistes qu'ils devront être en direct le matin, ce qui implique l'abandon du reportage.
Sans reportage radio, pas d'article web donc pas de "différenciation" possible sur les "contenus délinéarisés". Pas de "conquête de nouveaux publics" ni de "rajeunissement de l'audience".
 
De toute façon, les journalistes de France Bleu n'accepteront pas de s'épuiser à fournir un "nouveau média de la vie quotidienne" qui effacerait la présence numérique de leur radio.
 
Le SNJ Radio France n'acceptera pas que Radio France se prive d'une si grande part de sa raison d'être. Sibyle Veil doit elle aussi refuser le sacrifice du réseau Bleu et le dire très vite.


4 Juin 2018
Lu 4205 fois





Radio France | France Inter | France Info | Culture & Musique | France Bleu | Mouv