Negociation salariale : histoire d’une supercherie



Negociation salariale : histoire d’une supercherie
1) Le 3 février 2005, Jean-Paul Cluzel a signé solennellement, de sa main, un accord d’entreprise créant un Nouvel Instrument Salarial. Cet accord était sensé mettre fin aux causes qui ont abouti à l’explosion de 2004, avec 18 jours de grève. Cette cause est le blocage du point d’indice qui condamne les salaires à être rabotés par l’inflation, et transforme les promotions en simple récupération, plus ou moins partielle, du pouvoir d’achat perdu.

2) L’idée était de remettre le système salarial sur ses deux jambes. D’un côté une augmentation annuelle, comblant plus ou moins l’usure provoquée par la hausse des prix. De l'autre, les paritaires, apportant à chacun une progression de carrière en fonction de ses mérites.

3) Le principe du NIS est celui d’une augmentation annuelle, versée en une seule fois. Article I.4 : le salaire mensuel de base de référence pour le versement de l’année N est celui fixé pour chaque journaliste au 1er janvier de l’année N. Donc accord rétroactif au 1er janvier de chaque année, et augmentation du salaire de base, qui exclue les primes, dont les primes d’ancienneté.

SUIVEZ BIEN : SALAIRE DE BASE, ET DATE DU 1ER JANVIER : LA SUPERCHERIE ARRIVE !

4) Le 21 juin, 2006, la Direction donne le chiffre de l’augmentation annuelle : 1%, à partir du 1er juillet. Aussitôt le SNJ oppose deux objections.
Premièrement, selon l’accord signé par Jean-Paul Cluzel l’augmentation doit intervenir au 1er janvier et pas au 1er juillet.
Deuxièmement, le NIS étant calculé hors ancienneté, il doit être majoré de 1,2% pour correspondre à 1% de pouvoir d’achat. L’ensemble des syndicats fait aussi remarquer qu’avec 2,4% d’inflation, le compte n’y est pas. Patrice Papet écoute et donne rendez-vous le 28 juin. La sensation est qu’on avance.

5) Le 28 juin, Patrice Papet revient avec son 1%. Et la supercherie éclate au grand jour.
Non seulement le DRH n’a rien écouté, rien entendu, mais son 1% squelettique est en fait un trompe-l’œil à deux étages.
Etage un : ce qui va augmenter de 1%, ce ne sont pas vos salaires, c’est le NIS. Donc vos salaires n’augmentent plus que de 0,8%
Etage deux : Le Nis prévoit une augmentation sur 13 mois, calculée à partir du 1er janvier, en tenant compte des paritaires de novembre, mais la Direction balaie l’accord, et annonce une augmentation à partir du 1er avril. Le DRH retire ainsi quatre mois de versement, soit le tiers de la somme !
Résultat net : l’augmentation de 1%, inacceptable en soi, est en fait une augmentation qui oscille entre 0,5 et 0,6% !
Lamentable dans la forme et dans le fond.

6) L’avenir décidera. Prochaine réunion le 5 juillet.
Il faut se préparer au pire, et donc se mobiliser.
Le SNJ prépare une riposte hélas indispensable, d’autant que cette insondable mesquinerie n’est pas isolée. La Direction voulue par Jean-Paul Cluzel reprend d’une main ce qu’elle signe de l’autre, c’est désormais une constante. Ainsi, dans toutes les locales, on nous signale que des sommes exorbitantes de piges sont retirées en invoquant l’accord de juin sur la précarité !
Dans ce dossier, comme dans celui des salaires, le SNJ est allé au bout de sa volonté de compromis.
Il semble que ce soit une erreur.
Cette Présidence ne comprend, semble-t-il, que le rapport de force.
Parlez-en dans vos rédactions. Préparez-vous. Le SNJ, fort du soutien massif des journalistes aux dernières élections professionnelles, prendra ses responsabilités.



28 Juin 2006
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