L’amitié, l’amour, la politique et Radio France



L’amitié, l’amour, la politique et Radio France
Ca commence par une annonce en janvier dernier : Audrey Pulvar abandonne l’interview politique sur France Inter. L’année électorale est compliquée pour la journaliste qui est aussi la compagne d’Arnaud Montebourg.  
S’en suit un débat national, non dénué d’intérêt, sur la liberté professionnelle d’une femme, son indépendance d’esprit. Le compagnon, ou l’épouse d’un homme ou d’une femme politique doit-il systématiquement faire une croix sur sa carrière ?
 
Puis arrive l’été et la tribune d’Olivier Poivre d’Arvor à propos de Martine Aubry et de ses propositions pour la Culture. On apprend par la même occasion que la candidate à la primaire PS est « l’une de (ses) plus proches amies, depuis l’enfance ». Le patron de France Culture se justifie : « je ne vais pas me mettre en refus d’amitié pendant un an, pour cause de primaires ». Certes pas, mais l’amitié est privée. Et cette tribune était publique.
 
Autre amie estimable, Anne Sinclair. Cette fois c’est Ivan Levai qui revendique la proximité. Au point de faire référence à son ex-femme, dans la revue de presse, avec son seul prénom : « Anne ». Une amitié qui le conduit à écrire un livre et à prendre position dans les médias. Il n’est alors plus journaliste. Il n’est plus que l’ami indéfectible d’Anne et de Dominique.
Loin de nous l’idée de nous offusquer de cette fidélité. Mais voilà. L’ex-mari, toujours ami, est une personne privée, et le journaliste est public, il représente une rédaction. Son opinion devient la prise de position de toute une chaîne.
 
Enfin est arrivé le premier tour de la primaire à gauche. Audrey Pulvar rayonnante, dimanche soir, tient la main de son homme. Audrey Pulvar trinque à l’excellent résultat de son compagnon. Audrey Pulvar dit qu’elle n’a pas voté. Mais qui peut encore l’entendre quand la journaliste, jusque là très discrète, laisse éclater sa joie sur tous les écrans ? Le Figaro a déjà demandé au CSA s’il ne fallait pas décompter son temps de parole…
 
Nous  nous faisons violence au moment d’écrire ces lignes. La vie privée de nos collègues ne regarde que nos collègues, mais comment ne pas les alerter ? Les supplier pour ainsi dire. Leur vie intime s’entremêle avec notre travail.
 
C’est pourquoi nous les remercions d’avance. Vivez vos amitiés et vos amours, mais gardez-les pour vous. N’oubliez pas les soupçons des auditeurs, pour qui, souvent, l’amitié d’aujourd’hui peut devenir la collusion de demain.

Nous avons de l’estime pour vous, ayez-en pour nos équipes. Ne nous obligez plus à écrire ce genre de texte, au nom des rédactions. Ne mettez plus vos radios dans l’embarras.
Et si c’était impossible, tirez-en les conclusions.


12 Octobre 2011
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