France Inter : voyage, voyage



France Inter : voyage, voyage
Fallait-il aller à Chypre ?
Cela semblait utile et même évident à la Direction de France Inter hier matin. Mais c’était avant que nos responsables se soient penchés sur le coût du billet d’avion. Ils se sont tant et si bien penchés sur ce point, que lorsqu’ils ont fini par enfin trouver l’avion idéal… il était plein. La Direction a renoncé à ce reportage pour lequel l'hébergement était gratuit et a annoncé qu'on bossera avec une pigiste qui fera le déplacement (payé) depuis Athènes.A noter que France Culture a envoyé un reporter sur place. Tiens, on a oublié de se concerter. Pourtant c'était l'un des principes primordiaux adoptés pour faire des économies.
 
Car depuis la note de Catherine Sueur, la Directrice générale de Radio France, sur les missions et les voyages, c’est bien le prix du déplacement qui est devenu plus important que le sujet de la mission lui-même.
 
Et pour payer moins cher, on ne recule devant… aucune dépense.
Tel billet pour le Mali acheté sur une compagnie low-cost est non remboursable, non-modifiable. Mais comme l'actualité impose de rentrer plus tard que prévu, cela produit un surcoût de 600 euros, soit le prix du billet sur une compagnie classique.
 
Même fausse économie et vraie dépense concernant un récent déplacement à Moscou.
Alors que le technicien et le journaliste de France Info partaient avec Aeroflot, France Inter choisissait d’envoyer son journaliste à part, sur un vol low-cost. Pas de bol, la compagnie Aigle Azur n’est pas autorisée à atterrir à l’aéroport le plus proche de la ville, et un taxi pour rejoindre Moscou, c’est 100 euros…  Au total, cela coûte donc le même prix qu’un billet classique. Plus, même. Car le journaliste est revenu dans l’avion de la Présidence, mais dommage… son billet n’était pas remboursable.
 
Pour la tuerie de Newtown, il s’agissait évidemment d’arriver le plus vite possible sur place. Info et le technicien de reportage l’ont fait. Le journaliste d’Inter a constaté, à son arrivée à l’aéroport, que le billet le moins cher, pris pour lui sur internet, l’obligeait à attendre 24h de plus avant de partir. Même retard de 24h au retour, et une nuit d’hôtel supplémentaire à payer.
 
Selon Catherine Sueur, l’anticipation est le nerf de la bonne économie. Reconnaissons que lorsqu’il est question d’actualité, il est rarement possible de prévoir, mais les quelques fois où cela est possible, la Direction fait autrement.
Ainsi ce déplacement au salon de l’Automobile de Genève. La date était connue depuis des mois, mais la "mission" n’a été décidée, par surprise, que trois jours avant. A cette date-là, il n’y avait plus d’hôtels disponibles à moins de 2.000 euros. La journaliste a dû demander sur Twitter si quelqu’un avait une solution d’hébergement à lui proposer.
 
L’administratrice de France Inter demande que toutes les missions soient "liquidées" au plus vite car « un premier bilan des dépenses de la chaîne du 1er janvier au 31 mars, va être fait avec la Direction Financière
[ … ] dans la perspective d'une plus grande maîtrise des dépenses engagées sur les différents postes budgétaires
 ».

Ce bilan ne peut pas être uniquement "financier". Il doit aussi prévoir une évaluation critique des "loupés", des fausses économies, des vraies dépenses supplémentaires engagées à mauvais escient et surtout des répercussions éditoriales que la poursuite de ce comportement va immanquablement provoquer.


19 Mars 2013
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