Ça c'est Perrier !



Ça c'est Perrier !

Personne ne comprend.
Voilà une radio dont les audiences sont excellentes –Inter et Info ne peuvent pas en dire autant-. Une radio, dont la durée d’écoute est record (2ème derrière RTL en semaine et 1ère le week-end).  C’est pourtant à cette radio que son nouveau directeur veut, en toute hâte, imposer d’importants changements. Ils devront se faire, au moins en partie, dès janvier.

Questions et difficultés sont balayées d’un revers de main puisque –explique Claude Bruillot– les rédacteurs en chef ont été consultés et n’ont fait « remonter » aucun problème. Ces mêmes cadres qui, ces jours-ci, expliquent à leurs rédactions : «  c’est Paris qui l’exige et on ne peut pas faire autrement ».

Lors de sa prise de fonction, Philippe Chaffanjon nous disait que, vus les scores d’audience de France Bleu, il était temps de redonner à chaque locale une certaine marge de manœuvre. Selon lui, permettre à ceux qui connaissent le terrain de faire vivre les particularités locales, c’était cela qui ferait progresser France Bleu.

C’est dire si le projet est différent aujourd’hui.

Les radios à 6 journalistes et celles à 14, avec les mêmes obligations et la même grille, ça parait fou, mais c’est la nouvelle préconisation. La seule marge de manœuvre c’est la date de mise en œuvre

 

La quadrature du cercle

Paris impose -en plus de tout le reste- des titres à 10, 20, 40 et 50 et l’interactivité pour tous. La tâche des matinaliers devient tellement lourde que le 2ème matinalier (ou le matinalier décalé) –préconisation de Paris– va s’imposer de lui-même.

Qui peut trouver juste de devoir écrire toute la matinale avant 6h ? Qui peut trouver raisonnable de ne plus avoir le temps de lire la presse locale, ni de parcourir les titres de la presse nationale ? Qui peut trouver normal de ne pas avoir le temps de vérifier une info en passant des coups de fil ? Qui peut souhaiter remplacer une info de qualité par du remplissage toutes les 10 minutes ?

Le manque de « vocations » de matinalier à Bleu est un problème connu. Ces dernières années, l'habitude a été prise de confier le poste au dernier arrivé. Il fait le job deux ou trois ans avant d’arrêter. Parions qu’avec cette « réforme » le problème va empirer.

L’autre effet pervers, c’est qu’en doublant les matinaliers, on déshabille les reporters. Qui s’en préoccupe ? Pas Claude Bruillot qui jugeait il y a quelques mois, que les KB c’était aussi bien qu’un reportage de terrain !

Les dernières rédactions qui avaient encore les moyens de faire des 2’00 reportage en matinale annoncent déjà leur disparition. Ce qui ne les dispense pas de devoir intervenir –autre demande de Paris– avant 6h ou à la mi-journée sur l’antenne nationale.

 

Juste un peu de respect

Dans ces conditions, la mise en place du multimédia devient absolument impossible. Philippe Chaffanjon voulait réduire la charge radio pour permettre de dégager du temps pour le multimédia. Claude Perrier ajoute et surajoute. On attend avec impatience qu’il nous explique son projet pour le web…

Mais le temps de travail n'est pas le seul problème des journalistes de France Bleu. Le manque de respect dont ils sont victimes est peut-être encore plus grave.

Que dire aux journalistes de France Bleu à Paris, qui se voient quasi collectivement débarqués des éditions du matin et de la mi-journée, confiées à un journaliste qu’on fait venir de France Bleu Provence comme si c’était LE seul à pouvoir les présenter ?

Que dire à tous ceux qui espéraient de la Commission de suivi des carrières et qui constatent que la direction de Bleu n’a jamais donné aussi peu de promos à ses journalistes que cette année, où elle leur demande encore plus ?

Que dire enfin aux journalistes des locales qui n’ont désormais plus aucune marge de manœuvre pour proposer des formats ou adapter leurs contenus à leurs auditeurs ?

Vu d’ici, le mépris est assourdissant.

 




18 Décembre 2013
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