Accord numérique : ce qui change, ce qui ne change pas



CE QUI CHANGE

 
Qui décide des sujets à traiter sur le site ?


Jusqu’ici, chacun faisait ce qu’il voulait sans réflexion collective. Désormais le web fait partie de notre travail, donc la question des sujets à traiter en ligne est abordée en conférence de rédaction. Comme pour l’antenne, c’est la rédaction en chef qui tranche.

Le texte de l’accord : « Pour les journalistes, les activités liées à l’offre multimédia (hors rendez-vous récurrent de grille) sont définies régulièrement (en conférence de rédaction ou avec le chef de service) [...]»
« Le choix des sujets doit être confié à une rédaction en chef, si ce n’est unique, du moins cohérente entre l’antenne radio et le web, et pour les radios locales à chaque rédacteur-trice en chef. »



Et si mon rédacteur en chef ou mon chef de service demande n’importe quoi / ne veut pas entendre parler de web ?

En général les cadres ont beaucoup d’expérience en radio et très peu en multimédia. Dans ces conditions il leur arrive d’être les moins bien placés pour décider quoi faire sur le site. Radio France doit les former pour cela, avant même de former le reste des équipes. Cette formation a commencé au premier semestre.

Le texte de l’accord : « L’encadrement est formé afin de pouvoir décliner la stratégie éditoriale multimédia et, le cas échéant, contribuer à l’alimentation des sites et des réseaux sociaux. 
Sous forme de formation ou de séminaire, cette sensibilisation couvre notamment :
- les principes éditoriaux de l’offre multimédia ;
- les outils de production multimédia : leurs possibilités et contraintes ;
- les conséquences sur l’organisation du travail. 

Pour le personnel encadrant appelé à alimenter les supports numériques, cette formation stratégique s’ajoute aux formations métier.»



La direction de chaque chaîne peut-elle continuer à demander de faire du web sans jamais préciser pourquoi ni comment ?

Non. Chaque chaîne doit produire un document de cadrage, le présenter notamment au CHSCT et préciser sa stratégie en CE, chaque année.

Le texte de l’accord : « Les directions concernées organisent préalablement au démarrage de chaque grille une réunion permettant de préciser les attentes en matière de contenus liés à l’offre multimédia (son, texte, vidéo, photo, publication sur les réseaux sociaux, …) et les consignent dans un document de cadrage de grille précisant la stratégie d’offre multimédia de la chaîne […] Le document de cadrage de chaque chaîne est présenté en CHSCT avant chaque grille.
La stratégie d’offre multimédia et, en conséquence, ses priorités, sont présentées en comité d’établissement avant chaque grille. »


Si un article est publié en partie à partir d’une de mes infos, qui le signe ?

Si un sujet chaud ne peut pas attendre votre retour de reportage, un collègue (dans votre rédaction ou bien un journaliste web) peut écrire un article à partir des informations que vous lui transmettez. Dans ce cas, la double signature est obligatoire. Si vous ne reconnaissez pas vos informations dans le résultat, vous pouvez retirer votre signature.

Le texte de l’accord : « Un journaliste signe tout contenu qu’il publie. Quand un article est le fruit du travail de deux personnes, il comporte normalement deux signatures. Lorsque les informations d’un journaliste sont utilisées comme base d’un contenu, il doit être prévenu. Il peut alors, en cas de désaccord, faire retirer sa signature. »


Puis-je refuser qu’un article sur un sujet polémique soit posté sur Facebook, sachant très bien que les commentaires vont déraper ?

Radio France paye une société pour modérer les commentaires sur les pages Facebook. Mais nous avons pu constater que le résultat est loin d’être immédiat… ou vraiment satisfaisant. Il est donc prévu de pouvoir prévenir le problème.
Le cas échéant, il ne suffit pas de s’abstenir de poster l’article sur la page de la station : il appartient à l’encadrement local de demander au service web que l’article ne soit pas posté sur Facebook au niveau national. NB : on ne peut pas empêcher les internautes de partager un article, et les commentaires de ces partages peuvent aussi déraper. Mais dans ce cas ils n’apparaissent pas sur une page de Radio France.

Le texte de l’accord : « En cas de défaillance des contrôles mentionnés à l’article 1 (filtrage, modération, retrait des commentaires haineux ou diffamatoires) ou en cas d’article sur un sujet brûlant ou polémique, un journaliste peut demander, via son rédacteur en chef :
-la fermeture des commentaires sur son article publié sur le site Internet de Radio France,
ou

- la non-publication de l’article sur les réseaux sociaux notamment Facebook. »


La direction de Radio France va-t-elle continuer à donner nos photos gratuitement aux concurrents qui le demandent ?

Non, le vol de photos appartient au passé.
La vente des photos des journalistes à l’extérieur rentre dans un texte séparé sur les droits d’auteur. Il prévoit que Radio France commercialise les photos via une agence spécialisée (la signature du texte déclenche le lancement de l’appel d’offre). A chaque vente, l’auteur reçoit la moitié du prix de la photo, en plus de l’enveloppe générale de droits d’auteur. Pour que le système fonctionne, Radio France a mis en place une base de données photos professionnelle (elle existe déjà, elle s'appelle Orphea et se trouve à cette adresse : https://radiofrance.orphea.com/fr/login). Comme le font les collègues de presse écrite, nous devons y transférer nos photos susceptibles de servir à d’autres, ou plus tard. Pour aller plus vite sur les lieux de reportage, l’appli qui permet d’alimenter cette base directement à partir d’un smartphone va être mise à jour.
  
 

CE QUI NE CHANGE PAS (mais qu’on ignore souvent)

  
Doit-on allonger nos journées d’une heure pour écrire un article web ? NON 


Non. Le web fait partie de notre travail, ce n’est ni du volontariat ni du bénévolat. 

Le texte de l’accord : « Dans le cas où une charge de travail imprévue empêcherait un-e salarié-e de produire un contenu lié à l’offre multimédia dans la journée de travail normale, cette édition de contenu sera annulée ou reportée.» 
 « Pour les journalistes, les activités liées à l’offre multimédia (hors rendez-vous récurrent de grille) sont définies régulièrement (en conférence de rédaction ou avec le chef de service), en veillant à rester dans le temps de travail hebdomadaire légal ou conventionnel défini dans le cadre des accords d’entreprise applicables à Radio France. » 


Suis-je obligé de contribuer si je ne suis pas formé au numérique ? 

Non, on ne peut exiger de personne qu’il effectue une tâche qu’il ne maîtrise pas. 
Le texte de l’accord : « Il ne pourrait être exigé d’un-e collaborateur-trice la production/édition de contenus liés à l’offre multimédia tels que définis à l’article 1 tant que la formation correspondante proposée n’a pas été suivie. 
De même, les collaborateur-trices, en place à la date de mise en œuvre du présent accord, qui rencontreraient des difficultés à prendre en charge des contenus liés à l’offre multimédia, malgré un parcours de formation renforcé, ne pourraient être sanctionnés de ce fait par Radio France. » 
  

Peut-on m’obliger à faire des infos sensationnelles ou « people » ou avec des chatons parce que ça va faire du clic ? 

Non… pas plus qu’à l’antenne. 

Le texte de l’accord « L’information traitée en ligne par les rédactions de Radio France doit refléter leurs identités et leurs équilibres éditoriaux. 
Si la priorité est donnée au traitement des mêmes sujets à l’antenne et sur le web (sans exhaustivité), cela n’exclut absolument pas le traitement de sujets spécifiques au web.» 


Sur le web, tout est mélangé, on ne peut pas faire la différence entre info et partenariats. 

Non, la distinction avec les partenariats est claire, ou doit le devenir.

Le texte de l’accord : « L’information diffusée sur les supports multimédias répond à la même exigence de rigueur qu’à l’antenne. Elle est vérifiée, recoupée, contextualisée selon les mêmes règles éditoriales. » 
 « Les contenus web visant à assurer une promotion de partenaires commerciaux et de partenaires d’image de Radio France ne ressortent pas du travail des journalistes, conformément à la Charte d’éthique professionnelle des journalistes qui dispose que : « un journaliste digne de ce nom refuse et combat, comme contraire à son éthique professionnelle, toute confusion entre journalisme et communication. 
Les pages de partenariat doivent être identifiées comme telles. Dans les pages de partenariat, les références aux collaborations d’antenne des salariés doivent être explicites. » 

 
 
Que deviennent les journalistes web ? 

Leur rôle n’évolue qu’à la marge, dans les rédactions nationales comme hors de Paris. Ils continuent à suivre l’actualité, à proposer des sujets, qu’ils soient ou non directement liés à l’antenne, et à éditer les articles des reporters, lorsque c’est nécessaire. A France Bleu en particulier, les journalistes web conservent aussi un rôle de conseil et de formation. 

Le texte de l’accord : « Les journalistes rédacteur-trices multimédia exploitent et enrichissent les informations et les traitent à destination d’un support multimédia (réédition de l’antenne, production de contenus spécifiques). Lorsqu’il leur est demandé une version « radio » de leur reportage multimédia ou un papier spécifique, cette activité doit être prise en compte dans leur temps de travail. » 
« Les coordinateur-trices multimédia de France Bleu accompagnent la mise en place de la stratégie multimédia au sein des stations locales de France Bleu, sous la responsabilité du (de la) directeur-trice adjoint-e en charge du numérique. 
Ils accompagnent les équipes d’encadrement des stations dans la mise en place des formats multimédia d’information et de programmes. 
Ils forment les équipes à la prise en main des outils (sites, applications, réseaux sociaux) et des formats multimédias. A ce titre, ils peuvent assurer une assistance de second niveau auprès des équipes. 
Ils sélectionnent et enrichissent les formats nécessitant une intervention multimédia spécialisée (exemple : « direct numérique » d’édition spéciale). 
Ils impulsent et coordonnent les projets multimédia sur les programmes et/ou l’information » 

 
 
Un autre salarié de Radio France peut-il utiliser une de mes photographies sans me citer ? 

Non. La légende d’une photo peut changer mais il est obligatoire de citer son auteur. C’est une obligation légale que l’accord ne fait que rappeler. 

Le texte de l’accord : « Les photos d’actualité présentes sur les sites Radio France doivent obligatoirement comporter le nom de leur auteur, quelles que soient leur provenance et leurs licences. » 

  
Dans la cohue d’une visite ministérielle, je n’ai aucune photo qui ne soit pas floue. Est-ce une faute ? 

Non, la priorité reste la radio, et sur ce genre d’événements existent en plus des photos d’agence. Vos propres photos seront par contre incontournables sur des portraits ou lorsque vous êtes le premier sur les lieux. 

Le texte de l’accord : « Le cas échéant, les collaborateur-trices peuvent être amenés à prendre des photos (si les conditions sont réunies), effectuer une recherche iconographique ou réaliser de courtes séquences vidéo qui présentent un intérêt journalistique fort en complément d’un reportage : principalement, les chargé-es d’édition multimédia, les journalistes et technicien-nes en reportage. »  

  
Peut-on me filmer et diffuser mon image sans mon consentement ? 

Non, un accord écrit est nécessaire. 

Le texte de l’accord : « Lorsque les salariés sont filmés ou pris en photos par Radio France ou par un tiers de son choix dans le cadre de leur activité professionnelle que ce soit dans les emprises ou à l’extérieur de Radio France, une autorisation relative à leur droit à l‘image est conclue avec Radio France avant de passer à l’antenne.[…] Le refus d’être filmé ne pourra pas nuire à la carrière du (de la) salarié-e. » 
Vous-mêmes d’ailleurs, ne pouvez pas filmer n’importe qui sans son accord, surtout s’il s’agit d’enfants. 

  
Je veux me former au numérique mais cela risque de désorganiser ma rédaction ou mon service, est-ce normal ? 

Non. Malgré nos demandes insistantes, la direction a refusé d’augmenter les moyens consacrés au remplacement des formations. Cela aura pour conséquence de freiner l’application de l’accord. 

Le texte de l’accord : « Lors des inscriptions aux stages, l’encadrement veillera à ne pas désorganiser les conditions de réalisation de l’activité, en portant attention aux moyens.  
Il ne pourrait être opposé l’impossibilité de remplacer un-e salarié-e pour lui refuser de suivre une formation multimédia requise pour l’exercice de son activité. » 

 
 
Je travaille en région. Peut-on m’obliger à aller à Paris pour une formation multimédia ?  

Non. Radio France doit organiser des formations décentralisées. 

Le texte de l’accord : « […] une attention toute particulière est portée à la formation au multimédia dans le cadre de chaque plan de formation annuel sur la durée du présent accord. 
Les formations sont réalisées au plus près du lieu de travail des collaborateurs-trices concernés par un-e formateur-trice ayant suivi une formation de formateur. » 

 
 
Certains journalistes ont reçu une somme importante en adhérant à la Scam. Y aurai-je droit ? 

Tout journaliste de Radio France qui adhère à la Scam touche les arriérés de l’accord Ina-Scam. Une somme qui dépend de l’ancienneté du journaliste et qui peut effectivement se monter à plusieurs centaines d’euros. 
Important : à partir de l’année civile 2018, c’est la Scam qui versera nos droits d’auteur. Il sera donc indispensable d’y adhérer pour les toucher. 
  
  
Pourquoi avoir fait rentrer la Scam dans l’accord droit d’auteur ? 

Parce que les droits d’auteur calculés par la seule Radio France fondaient comme neige au soleil d'année en année. Il ne reste plus que le minimum garanti de cent euros annuels. Et parce que la Scam, qui gérait déjà les droits d’auteur de l’AFP, ou de France Télévision, a les moyens (juridiques et d’expertise) de faire respecter les droits d’auteur à la direction de Radio France. 

 
 
Super, alors on va toucher beaucoup plus en droits d’auteur ? 

Un peu plus, puisque le minimum passe de 100 à 150 euros annuels. 
C’est une garantie au cas où le calcul normal n’arrive pas à cette somme. Ce calcul reprend, pour l’essentiel, un pourcentage des recettes publicitaires des sites et applis. L’audience croissante de sites de Radio France permet d’espérer dépasser ce plancher, même si l’accord limite aussi le caractère intrusif de certaines publicités. 
NB : le site franceinfo : représente de ce point de vue un gros manque à gagner car France Télévisions a décidé qu’il ne comporterait pas de publicité. 

  
Une chaîne peut-elle extraire un son de mon reportage ? 

Seulement à titre exceptionnel, et pas dans le dos du reporter : il doit être averti par courriel pour pouvoir contrôler que le sens de son sujet n’est pas faussé. Un rappel utile à l’attention de certaines rédactions nationales qui ont pris de mauvaises habitudes. 

Le texte de l’accord : « Il est rappelé le principe fondamental qu’une œuvre doit être diffusée ou rediffusée en intégralité. Tout découpage doit être réalisé exclusivement par un journaliste. En cas de découpage de l’œuvre, si l’auteur ne peut le faire lui-même, il doit être averti par mail lors d’une modification d’un reportage ou de l’utilisation d’un extrait d’une interview, journal, chronique ou émission pour pouvoir contrôler que le découpage ne fausse pas le sens de l’œuvre. » 

 
 
Un autre salarié de Radio France peut-il retoucher une de mes photos ? 

Non. L’accord rappelle que toutes les photos d’actualité (renseignées comme telles par leur auteur dès leur dépôt dans la photothèque de Radio France) par opposition aux photos d’illustration, ne peuvent être recadrées que par leur auteur. Des bandeaux d’actualités pourront être réalisés, mais uniquement avec l’accord final d’un journaliste. 

  
Les sites de France Télévision peuvent-ils reprendre mon sujet ? 

Non. Malgré le flou volontairement entretenu, France Télévisions reste un concurrent, y compris via le site franceinfo:. Si elles reprennent une information d’une rédaction de Radio France, les rédactions de France Télévision doivent donc nous citer et mettre un lien vers notre site. Rien ne les empêche de réaliser, par la suite, un reportage sur le même sujet. Ils ne peuvent pas non plus reprendre gratuitement nos photos. 
Il est toutefois permis de douter de la diligence de Radio France en la matière. En cas de problème avec un sujet identique au votre publié sur franceinfo : ou France 3, n’hésitez pas à nous le signaler – et faites des captures d’écran. 

Le texte de l’accord : « Radio France précise qu’elle a rappelé, dans ses relations de partenariat avec France Télévisions, que celle-ci devait respecter le droit moral des journalistes de Radio France. » 
 



27 Juillet 2017
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